Un bébé, il faut 9 mois pour le faire et 9 mois pour le défaire
Et bien pour moi, c'est à peu près ce qu'il s'est passé et depuis vendredi dernier, je me sens redevenir femme et non plus simplement mère, bien que pour les kilos en trop, les traces des grossesses aient fait des ravages, mais c'est un autre sujet. En effet, après ce temps béni de l'attente, où l'on sent ce bébé encore inconnu bouger. Où le je est un peu flou, puisqu'on est deux sans être nous. Après ce rite initiatique où la douleur immense, qui vient à chaque contraction, qu'on ne peut pas repousser, que les autres ne peuvent pas partager. Et puis après, cette eau qui s'échappe, quelques minutes et le bébé est là, je n'ai plus mal, c'est fini, mon bébé est là. Et ensuite, ce temps où le corps somnole, où les hormones dominent, où l'allaitement est omniprésent. Pas de rythme, celui du bébé est anarchique, pas de lunes, sommeil haché, siestes grappillées dans la journée. Et puis un jour, le bébé commence à manger, à manger quelque chose qui ne vient pas de nous, et le pire, c'est qu'il apprécie. Un biscuit, un fruit, une purée. Et quelquefois des miettes, car ce bébé est à quatre pattes. Comme un nouveau printemps, comme une nature qui s'éveille, un flot qui s'écoule. Qui aurait pu donner la vie, mais non, ce sera pour la prochaine fois, ou pour la fois suivante encore. Encore un peu de temps. Un bébé, même à 9 mois, est encore petit. Encore un peu de temps pour lui. Pour le porter, pour le câliner, pour l'allaiter, pour le voir s'éveiller comme une fleur qui s'ouvre et qui nous montre ses pétales, un à un, chaque fois plus beau que le précédent. Faut-il le regretter, ce temps hors du temps où l'on est tout à son bébé ? Non, je ne le crois pas, pour moi, il a fallu 9 mois, c'était plus que la dernière fois, mais je l'ai pris comme un cadeau, comme une parenthèse dorée, pour moi et mon bébé. Depuis vendredi, la petite coupe est réapparue, elle était la bienvenue, son heure était venue.