Le monde à l'envers
Dans le magazine des biocoops CONSOM'ACTION n°34 (printemps 2007), l'interview d'Hervé KEMPF* est vraiment pertinente.
Extrait :
" Veblen, économiste du XIXème siècle, expliquait que la consommation, une fois les besoins réels satisfaits, vise surtout à marquer le prestige, à manifester un statut supérieur par rapport à ses congénères, à se distinguer. Ce qui est vrai entre individus l'est aussi entre classes, et tout groupe social tend à imiter les moeurs du groupe situé au dessus de lui dans l'échelle sociale. La classe la plus riche fixe ainsi les normes du "savoir-vivre". Quand elle définit la dilapidation comme la norme, elle présente un modèle culturel destructeur que toute la société cherche à imiter."
Voilà pourquoi je m'intéresse de plus en plus à la décroissance. Je ne veux plus "consommer pour être heureuse". Et je ne veux pas transmettre ce mode de vie à mes enfants.
L'événement, qui m'a fait réfléchir cet hiver, est l'arrivée un matin d'une de mes élèves avec des nouvelles baskets de marque. Elle m'a dit fièrement qu'elles avaient coûté 169 euros.
Comment ses parents (qui élèvent 6 enfants dans un deux-pièces avec un seul salaire) ont-ils pu dégager un tel budget pour une paire de chaussures ?
Le débat qui a suivi avec les autres élèves a été tout aussi consternant. Ils n'envisagent pas une seconde d'acheter des imitations des grandes marques. Il leur faut les chaussures XX, les survêtements YY, les sacs à dos ZZ.
Ils ont fini par admettre que les marques cherchaient à faire du profit et que c'était pour cela qu'il y avait toujours de nouveaux modèles.
Mais j'ai dû vraiment leur faire sortir les vers du nez.
J'enseigne dans une école en Zone d'Education Prioritaire, dans le 19ème arrondissement de Paris, et les catégories socio-professionnelles des parents de mes élèves ne font pas partie du Top 10 du Who's Who...
* Comment les riches détruisent la planète, éditions Seuil, 14 euros.